Le Tigre et le Président
[ critique RFLciné ] Stéphanie Joye avec le réalisateur Jean-Marc Peyrefitte et le comédien Jacques Gamblin
Ce film, j’en suis ressortie éblouie, et transportée par un bonheur humaniste sur fond de trame didactique (politique de l’après première guerre mondiale, travail de l’éloquence, règne à l’Élysée, tumultes et petites fouines en rang de cordée …).
Très drôle et très émouvant à la fois, le film est prenant de bout en bout !
La mise en scène, telle un ballet, offre des images sublimes (où se mêlent de fausses archives), des plans « coulissants », des orchestrations rythmées, vivaces, soutenues par une belle bande-son au violon et la voix off introspective du héros.
La verve est grinçante, vigoureuse ou profondément réflexive : le cinéaste offre tout son amour des mots, car son œuvre leur rend un puissant hommage (ainsi qu’à l’Histoire), sous forme de plaidoyer pour la sincérité persuasive et désintéressée.
Ainsi, Jacques Gamblin incarne Paul Deschanel – le président élu après Poincaré – seulement durant six mois, avant qu’il ne chute bêtement d’un train. Un idéaliste, humaniste, progressiste, resté inconnu dans l’Histoire malgré ses idées salvatrices.
Il est face à André Dussollier, un Georges Clemenceau tenace, suffisant et vengeur, animé par deux « affronts » : celui que les Allemands ont fait endurer à son peuple, et le sien propre – au regard de la victoire électorale de Deschanel.
La prestance dingue et la force inaltérable des textes des deux acteurs implantent (en faisant de judicieux échos à notre ère) deux visions opposées dans l’acte de gouverner un pays, ainsi que l’éviction, possible ou non, de l’intérêt personnel en jeu …
Au final, avec ses nombreux seconds rôles forts, la beauté (au rendu authentique) de ses décors et de ses costumes, le film est un bijou de légèreté, d’élégance et une ode conquérante aux belles valeurs sociales. A ne pas manquer ! Sortie nationale le 7/09 .